Ironman Hawaii
Cinquième... J'ai terminé 5e de l'Ironman d'Hawaii. C'est à la fois incroyable, génial, inespéré, et pourtant bien réel... Pendant les quelques jours qui viennent de s'écouler, j'ai vécu tellement de bons moments qu'il est difficile pour moi de décrire fidèlement tout ce qui s'est passé. Mais ce qui est certain, c'est qu'entre les sorties entre potes, les visites, et surtout la course, cette édition 2014 de l'Ironman d'Hawaii, je ne suis pas prêt de l'oublier ! Pour ceux qui ont un peu de temps, voici un retour sur la course. Le matin de la course, tout se passe sans encombre. Cinq ou six heures de sommeil, un petit dèj qui passe bien, les affaires prêtes, c'est parti. Sur place la pression monte doucement. Avec les 2 potes avec qui je loge, nous arrivons à 5h. Il faut déposer les bouteilles de boisson pour le marathon (à Hawaï, pour les pros, on peut donner 6 bouteilles de notre choix avant la course, et l'organisation les transporte sur le marathon à six endroits différents. Pratique pour boire dans une bouteille avec bouchon sport plutôt que dans des gobelets, et avec sa boisson perso. J'avais choisi pour ma part des bouteilles de 300ml, avec du bio-drink de Punch Power, et j'avais scotché un gel sur les 5 premières, pour ne pas avoir besoin d'en prendre en partant à pied.) On fait la queue pour le marquage, il y a un peu à marcher pour aller au parc, etc... Le temps passe vite, et une fois le vélo préparé, le bonhomme graissé et crémé, les besoins primaires assurés, il est 6h. On se met à l'eau, petit échauffement et il est enfin temps de se mettre en place. 6h25. Coup de canon, on y est ! Je prends un bon départ, ça frotte un peu, normal, et je me retrouve dans la mousse. Contrairement à beaucoup d'amateurs pour moi c'est top d'avoir plein de mousse en natation, car ça veut dire que je ne suis pas tout seul ! Au bout d'un bon km le groupe est très étiré. Je lève la tête, et je me rends compte que le gars devant moi a laissé un trou. Panique, je le passe et je reconnais le numéro 3 (Kienle) mais c'est difficile de recoller. Un autre gars nous passe et nous ramène sur le groupe. Après cet effort c'est dur jusqu'au demi-tour, puis ça ralentit. J'en profite pour bien me replacer, et je remonte le groupe, calé dans les pieds d'un autre concurrent. Il y a du monde ! Je reconnais Cunama aussi au passage, et on remonte au moins 10 voire 15 athlètes, c'est bon signe ! Je sors finalement de l'eau en 2e position de ce groupe, ce qui me permet de faire une transition sans bousculade. Hop, les chaussettes, le casque en courant, c'est parti pour le vélo. Pendant la longue transition dans le parc, et lors du petit aller-retour sur la Kuakini Highway, j'ai vu quelques costauds derrière moi (notamment McKenzie et Vanhoenacker), et ça me laisse penser que le rythme va être rapide et qu'on peut espérer revoir le groupe de tête. Et effectivement ça roule, sous l'impulsion de McKenzie, Kienle, Cunama et Vanhoenacker. Je suis le rythme, et après quelques kilomètres on commence à reprendre du monde. (Je précise que la règle à Hawaii est 12m entre deux cyclistes. Et cette règle est strictement respectée, mais quand il y a 15 gars qui roulent l'un derrière l'autre à plus de 40, même à 12m, ça aide sans doute un peu. Et dans tous les cas psychologiquement ça aide, c'est sûr) Il faut régulièrement boucher un trou car certains lâchent le groupe, et créent une cassure. Et comme on est assez nombreux, et que je suis plutôt à l'arrière du groupe, le rythme n'est pas très linéaire. Parfois il faut freiner à peine pour ne pas être à moins de 12m de celui qui précède, parfois il faut relancer fort pour y rester ! C'est assez usant. Je prends clairement un risque à suivre le rythme, car arrivé à moins de 20km du demi-tour, les watts sont bien trop hauts. On aperçoit la tête, et je suis assez surpris car il me semble apercevoir la voiture ouvreuse au loin. (je pensais qu'il y aurait quelques athlètes déjà détachés à l'avant de la course...) J'ai déjà laissé filer le train deux fois déjà, et recollé lorsque le vent de côté était très fort, et je décide donc de ne plus m'adapter au rythme du groupe et de passer en mode « effort solo ». Mes cuisses brûlent et on n'est même pas à la moitié de la course. J'ai déjà doublé llanos, Rana, Raelert, McKenzie, donc même si c'est un peu frustrant, je me rassure en me disant que je ne dois pas être le seul à souffrir. Et la montée vers Hawi fait mal, très mal même, mais le groupe de tête est toujours en vue. Au demi-tour, même si quelques cassures se sont faites, je suis encore très près de la voiture ouvreuse, c'est presque... Magique ! Par contre je jette un œil au compteur, et j'ai roulé un peu plus fort que mon record de watts sur half, donc si je rentre vivant à Kona, c'est que je suis dans un grand jour... Ca se regroupe un peu dans la descente, et on est 6 ou 7 jusqu'à 30 km de l'arrivée. Ca a été assez pénible, mais les jambes sont revenues et je décide de prendre les devants. Je lâche mes partenaires et reviens à quelques secondes de deux autres athlètes. Dans la tente de transition je vois Romain Guillaume, et on échange quelques mots. Moment de « détente » avant le marathon bien sympa ! Il a le sourire et a l'air « frais ». Je pars en 8e position et je reprends Romain au bout de quelques minutes. J'essaye de partir sur un bon rythme, mais en sachant très bien que l'aller retour sur Alii Drive doit passer facilement, car le juge de paix arrive plutôt après la montée de Palani... Je me dis que le top 10 est accessible à condition de ne pas sortir une trop mauvaise course à pied. Je me fais doubler par Raelert, puis Van Berkel, Potts, et Frodeno. Mentalement c'est dur. Se retrouver 11e en ayant fini le vélo 8e, c'est dur. J'ai toujours repris des places à pied à Kona, mais là je me dis que c'est mal parti ! Je reste concentré, puis la montée de Palani arrive et je reprends un concurrent juste en haut. Puis un autre, Frommhold, autour du 20e km. (d'ailleurs il restera moins d'1min derrière moi tout le reste du marathon!) Rentré à nouveau dans le top 10, je retrouve un peu de motivation. Puis petit à petit quelques gars lâchent du terrain, et je plonge dans Energy Lab. Après le demi-tour, je reprends Marino Vanhoenacker. Une fois de retour sur la Queen K il ne reste que 12km, mais que c'est long ! Le gars de derrière ne me lâche pas, devant Potts est assez près mais lui non plus ne lâche pas, il ne faut pas craquer. On dépasse Fred Van Lierde, Raelert n'est plus en course, je suis 6e ! C'est vraiment top mais je sais que je peux perdre une place très facilement. On double Van Berkel 4/5km avant l'arrivée, et là je suis alors 5e, ça me donne la force de ne rien lâcher. Même si pendant plus de 10km les spectateurs m'ont hurlé que le gars devant était en train de craquer, il reste à environ 30s devant le bougre ! A 1km de l'arrivée je sais que les places ne bougeront plus, et je savoure. Sur la finish line je prends mon temps et lorsque je vois l'Allemand qui arrive derrière, je franchis la ligne. Broyé, mais heureux ! Je réalise le chemin parcouru depuis mon 1er Ironman en 2010, et je remercie tous les partenaires qui me suivent, et sans qui je ne pourrais pas faire ce que je fais. Je remercie aussi particulièrement le club de Beauvais, qui m'a réellement permis de courir en pro dès 2011 et même plus. Sans eux je n'en serais pas là. Et bien entendu ma famille, ma conjointe en particulier, qui m'a toujours soutenu et encouragé, et qui a forcément dû faire quelques sacrifices elle aussi pour que j'en arrive là. Rassurez-vous ce n'est pas une épitaphe que je suis en train de rédiger, et j'espère encore faire de belles choses dans l'avenir, même si cette fois-ci ça va être compliqué d'améliorer ma place à Hawaii. Mais après tout ce n'était que ma première saison en tant que pro à 100% ! Et comme d'habitude, pour plus de photos, de news, articles, vidéos, etc... Rdv sur ma page facebook. A bientôt.
